Économie de la filière française des produits du palmier à huile

L’huile de palme, nous en entendons beaucoup parler, en France et ailleurs. Surtout en mal. Elle fait partie de ces matières qui connaissent beaucoup de critiques, notamment de la part des Organisations Non Gouvernementales. Nous retenons que l’huile de palme est mauvaise pour la santé, utilisée seulement dans notre alimentation et responsable de déforestation.

De ce que nous lisons dans les médias, nous savons en fait peu de choses. Le palmier à huile, Elaeis guineensis, originaire d’Afrique est l’huile la plus produite, la plus exportée et la plus consommée au monde. L’explosion de sa production depuis une cinquantaine d’année, à l’initiative des Pays-Bas, n’a rien à voir avec ses usages traditionnels. De cet arbre sont essentiellement extraits de l’huile de la pulpe des fruits, assemblés en grappe, de l’huile de palmiste à partir du noyau du fruit et la coque de ce noyau, appelé tourteaux de palmiste.

Parler du palmier à huile aujourd’hui, c’est aborder la question de l’huile et du gras. Toute la problématique autour du palmier à huile repose sur cette matière grasse et visqueuse.

D’origine végétale, minérale, animale ou synthétique, les propriétés de l’huile sont telles qu’elles offrent des fonctions extrêmement larges, fonction qui comme nous le verrons, deviennent aujourd’hui stratégique au regard des enjeux et des risques que la pénurie de pétrole fait peser sur l’économie mondiale.

Les propriétés de l’huile, ici végétale, sont effectivement nombreuses.

Tout d’abord alimentaire. Les matières grasses, ou lipides, font partie de l’alimentation des humains depuis toujours. Elles sont indispensables à la santé : elles fournissent de l’énergie, contribuent à la régulation de la température corporelle, de même qu’à la synthèse des hormones et à la fertilité, apportent des acides gras essentiels, permettent l’absorption des vitamines A, D, E et K, procurent un sentiment de satiété, rehaussent la saveur et la texture des aliments, donnent de l’éclat au teint et à la chevelure, etc.

Mécanique ensuite : l’huile permet de lubrifier, protéger de la corrosion, servir de liant dans la peinture, ou comme fluide hydraulique.

Energétique : elle a longtemps servi de combustible dans les lampes. Transformée avec de l’alcool, l’huile sert de carburant (les agrocarburants).

Chimique : ce même agrocarburant constitue un solvant pour dissoudre et nettoyer les graisses. L’utilisation de soude permet de fabriquer du savon. Les acides gras, une fois séparés, remplissent à leur tour des fonctions variées, en fonction de leur structure moléculaire (ici, leur nombre d’atomes de carbones définit leurs grandes propriétés physique et chimique). Ils peuvent servir d’émollient, de détergent, d’agent moussant, d’agent émulsifiant, etc., ce que l’on appelle généralement des tensioactifs.

1511.90.99 : Huile de palme et ses fractions fluides, même raffinées, mais non chimiquement modifiées (à l’exclusion de l’huile de palme brute et de l’huile destinée à des usages techniques ou industriels)

Est-ce l’huile de palme en soit qui est mauvaise pour notre santé, ou un excès de cette substance ? Pouvons-nous entendre que le palmier à huile puisse être cultivé responsablement, dans des zones non déforestées ? Savons-nous que les produits issus du palmier à huile, parce qu’il y en a bien plusieurs, sont utilisés dans d’autres secteurs de l’économie et qu’ils sont au cœur d’une transition qui ne se voit pas, une transition dont la chimie verte est le moteur et qui a pour objectif de substituer l’ensemble des produits pétroliers par des produits issus du végétal.

Bien entendu, si ces nouvelles informations que nous vous livrons dans ce rapport sont des données factuelles, éclairant d’un angle un peu différent la problématique des produits du palmier à huile, elles doivent encore et toujours nous interroger, sur nos mode de vie, nos pratiques économiques et le modèle de développement que nous voulons pour demain.

Nous présenterons ici en détails le palmier à huile ainsi que les circuits économiques que les produits qui en sont tirés empruntent. Nous présenterons les secteurs qui utilisent ces produits du palmier à huile, en quelle quantité, pour quels usages particuliers. Ce document grand public offrira les informations les plus récentes possibles. A la fin de ce document, nous proposerons au lecteur une première entrée dans l’univers de l’oléochimie, c’est à dire la chimie des huiles.

Nous tenons à dire ici que ce sujet, sensible pour les entreprises, s’est largement reflété dans l’accès à l’information. Si le sujet, après une analyse globale relativement longue, ne permet pas d’affiner ce portrait de filière autant que nous l’aurions souhaité, ce n’est pas tant par sa complexité que par l’accès aux données que les acteurs privés ont bien voulu nous transmettre, pour des raisons de secret industriel mais également par l’impossibilité de tracer véritablement ce qui provient du palmier à huile ou non.

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