La santé connectée… Vaste sujet. Tout le monde en parle. Les exemples d’expérimentations de réseaux de soins intégrés naissent régulièrement, les objets connectés les plus improbables apparaissent sur le marché, les applications de santé fourmillent sur les plateformes de téléchargement, la littérature institutionnelle sur le sujet s’accumule, des articles de presse titrent à la révolution, les prises de paroles se multiplient, les prospectives vont bon train et les questions d’éthiques se posent sérieusement.
A présent, le système de santé intègre les télécommunications modernes, incarnées dans un premier temps par la première révolution Internet. Puis, plus récemment par le développement rapide de l’usage des terminaux mobiles (ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés). Toutes les technologies déployées progressivement depuis plus de 20 dans dans l’univers médical et médico-social sont désormais connectables, entre elles, entre patients et professionnels, entre professionnels entre eux. Reste que ce déploiement technique ne peut aujourd’hui s’exprimer pleinement pour des raisons de diversités d’acteurs sur le marché, proposant des formats différents et pour des raisons de culture du corps médical. Le simple appareil qui fournissait une donnée, basique, devient un ordinateur qui enregistre cette donnée dans le temps et peut la transmettre d’où qu’il soit. Cette donnée est désormais stockées, attribuée à une personne en particulier. Ces données se comptent désormais en milliards de milliards et représentent une valeur économique centrale pour ceux qui la détiennent. De plus, la miniaturisation et l’augmentation des performances de ces appareils ouvrent désormais de nouvelles perspectives quant à leur dissémination dans nos vies.
Les deux éléments fondamentaux qu’offrent aujourd’hui la numérisation et la connexion (comme d’ailleurs dans tous les autres domaines d’activité) sont la production, le traitement et l’analyse des données ainsi que leurs transmissions.
Tout devient ainsi mesurable en continue, calculable, transmissible, échangeable. Beaucoup d’opérations médicales peuvent être optimisées et beaucoup d’erreurs évitées. La détection des caractéristiques physiologiques d’une personne offre à celui qui sait traiter ces informations convenablement la possibilité d’agir mieux et plus tôt, favorisant ainsi la dimension préventive. Tout comme l’accès et l’échange d’informations de santé sur Internet a favorisé une culture populaire de la santé et l’émergence de ce que l’on pourrait appeler des « actients », contraction des termes acteur et patient.
Dans cette étude, nous distinguerons deux grands champs d’usage des outils numériques pour mieux les rapprocher. Les usages professionnels et les usages personnels. Le premier concerne la numérisation de la vie médicale. Le second, celui du bien-être personnel.
La distinction est essentielle car deux mondes coexistent parallèlement pour le moment. Mais il est clair qu’ils se rapprochent peu à peu, justement parce que les avancées technologiques sur les objets connectés et les applications de santé permettent de faire cette jonction entre deux mondes. D’un côté, celui de la santé au sens médical, incarnée par le corps médical que l’on connaît, public et privé. De l’autre, celui du bien-être, incarné par des acteurs économiques qui souhaitent vendre des outils et services. La technologie, qu’elle soit installée dans le parcours de soin des individus ou dans leur vie quotidienne offre un même objectif : être moins malade et mieux dans son corps.
Dans la première partie, préciserons en quoi la prévention a été le parent pauvre de la santé et de redonner quelques éléments chiffrés de la protection sociale en France, afin de contextualiser les « promesses » envisagées du numérique.
Dans la seconde partie, nous présenterons le marché des objets connectés et des applications de santé en tentant d’expliquer quels enjeux sous-tendent ces logiques économiques.
Dans la troisième partie nous résumerons de façon non exhaustive, les usages et les perceptions associés aux objets connectés, applications de santé et médias de santé.
La quatrième partie reprend la même logique que la partie précédente, mais du point de vue du corps médical.
La cinquième partie traitera des enjeux et des risques quant à l’usage des objets connectés, associés aux champs électro-magnétiques. Il nous a parût nécessaire d’en préciser les enjeux, dans un contexte d’usage intensif des appareils « déportés ».
Dans la sixième partie, nous aborderons quelques-unes des questions qui doivent selon nous créer un débat.
1.1 La réforme de la politique de santé en France
1.2 Etat de la protection sociale en France
2.1 La e-santé ne date pas d’aujourd’hui
2.2 Créer de la valeur dans les données et dans la prévention, deux logiques connectées
2.3 Définitions et composantes de l’Internet des objets
2.4 L’ère du quantified self ou de l’auto-mesure de soi
2.5 Le marché des objets connectés
2.5.1 Le marché des smartphones
2.5.2 Les catégories d’objets connectés
2.5.3 Autres exemples d’objets connectés
2.6 Le marché des applications mobiles de santé (m-santé)
2.7 Les modèles économiques associés aux objets connectés et applications de santé
2.8 Les médias de santé
2.9 Les supports d’information des entreprises pharmaceutiques
3.1 Quels usages pour les objets connectés et les applications de santé ?
3.1.1 Usages des smartphones et tablettes
3.1.2 Les études d’usage des objets connectés
3.1.3 Applications de santé : la dure loi de la sélection
3.2 Perception du grand public de l’usage des nouvelles technologies dans le domaine de la santé
3.3 La fiabilité des objets connectés et des applications santé en question
3.3.1 La fiabilité technique des objets connectés et des applications de santé
3.4 La nouvelle figure du patient et du citoyen
3.4.1 L’information grand public
3.4.2 Pratiques sur Internet : la communauté et l’expérience collective
3.4.3 La voix des patients
3.4.4 HONcode pour une information de qualité
3.5 Connaissances médicales étendues des patients et relations avec les médecins
3.6 Vers une médecine 2.0
4.1 Les usages digitaux des professionnels de santé encore faibles
4.2 La e-santé au plus près des patients
4.3 L’hôpital numérique, le chemin est tracé et les exemples se multiplient
4.4 Le Dossier Médical Personnel (DMP)
4.5 Des réseaux sociaux et des applications pour les professionnels de santé
4.6 Le statut de dispositif médical (DM) des objets de la santé connecté
5.1 Les catégories d’appareils connectés
5.2 Bluetooth et wifi quels dangers ?
6.1 La médecine prédictive grâce au Big Data
6.2 Watson bientôt notre quotidien ?
6.3 Vers un nouveau rôle du médecin
6.4 Les données des objets connectés et applications de santé
6.5 Exemple du marché de l’observance. Qui paiera et qui économisera ?
6.6 Reporter la responsabilité de la santé sur chaque individu
6.7 Individualisation VS mutualisation du risque
À partir du thème Brick & Mortar. Tout droit réservé. Modification : Jeremy Castelli & Consultants naturels